Le plus important n’est pas de savoir d’où on vient mais de savoir où on va » dit Michel Schneider. Avec son frère Rolf, ils ont connu des débuts difficiles dans la vie . Qu’à cela ne tienne, ils s’en sont servis comme d’un tremplin afin de devenir des instruments de bénédiction pour les autres—Michel comme pasteur, Rolf comme chanteur et évangéliste.
Voilà une conversation que nous avons eu avec eux .
Rolf—la vision de louange
Rolf Schneider est né le 11/4/55 à Pirmasens (RFA). Frère de Michel (voir le premier article), il a été adopté en même temps que lui. Aujourd’hui, il a un ministère qui touche plusieurs nations—on a même traduit un de ses chants en Japonais ! Il raconte à Victoire comment il a vécu son enfance et comment le Seigneur se sert de lui maintenant.
Victoire : Quel âge aviez-vous quand vous avez été placé dans la famille d’accueil ?
Rolf : J’avais quelques semaines à peine. En grandissant, j’ai bien connu ma mère biologique (terme que je trouve horrible…), elle était en somme devenue comme une de mes tantes, avec peut-être un peu de distance car elle ne voulait pas interférer dans notre nouvelle famille. Je garde d’elle ce souvenir de femme allemande d’après guerre; je dirais aujourd’hui qu’elle était une beauté sacrifiée.
Beauté, parce que je l’ai toujours trouvée belle. Sacrifiée à cause de la guerre qui engloutit une génération.
Beaucoup d’hommes, voire des adolescents allemands sont morts dans cette guerre. Outre les nombreuses veuves et orphelins, beaucoup de jeunes filles ont vu leur destin se briser, sans possibilités de se marier. Des femmes avec un avenir prometteur se sont retrouvées dans la pauvreté et la solitude.
Je n’ai pas connu mon vrai père. J’aurais eu le désir de le rencontrer simplement pour lui dire merci de m’avoir donné la vie.
Victoire : Racontez une anecdote qui symbolise pour vous votre enfance. Comment étiez-vous ?
Rolf : Enfant, j’étais assez réservé et solitaire. Lors de ma première classe de catéchisme, c’est mon frère Michel qui a répondu à ma place, lorsque la dame m’a demandé mon prénom. J’ai eu des passages où j’étais terriblement angoissé par les questions de la vie et de la mort. Je n’osais en parler à personne car il me semblait qu’autour de moi personne ne se posait ce genre de questions. La découverte de la Bible à l’âge de 10 ans m’a apporté un peu d’apaisement.
Victoire : Vous êtes musicien. Cet amour pour la musique a commencé tout petit ou votre ambition a t-elle été de jouer pour l’équipe nationale de football ?
Rolf : C’est vers 13-14 ans que Michel m’a montré les premiers accords de guitare. Il les avait lui-même appris de gitans qui habitaient près de chez nous. On a également monté un trio de Gospel et commencé à faire de concerts. Je n’aurais jamais imaginé, à l’époque, que je ferais cela à plein temps.
Victoire : Quels étaient vos sentiments vis-à-vis Dieu en grandissant ?
Rolf : J’ai toujours cru que Dieu existait, mais je ne savais pas qu’il était accessible. Il me semblait reclus quelque part dans la pénombre des églises et silencieux. J’ai le vague souvenir d’avoir traîné les pieds sur le sol d’une église sombre et mon père qui me faisait : » chut » pour que je ne réveille pas Dieu…
Victoire : Quel était le catalyseur qui vous a conduit à choisir de donner votre vie au Seigneur ?
Rolf : Il y a eu de nombreux événements. Mon cheminement a plus été une progression.
Il y a d’abord eu la découverte de la Bible à 10 ans. C’était l’école du dimanche et le catéchisme avec deux missionnaires anglaises qui avaient certainement beaucoup prié pour les enfants des cités où elles intervenaient. Il y eut des grands rassemblements avec différentes églises.
A 16 ans, lors d’un tel rassemblement, j’ai discrètement levé ma main lors d’un appel et intérieurement une joie intense m’a habité lorsqu’on a quitté la réunion. Et puis, il y eut le groupe de jeunes : les moments de chants, de prière, de méditation de la parole et de témoignage. Et les camps, avec la compréhension nouvelle de l’appel de Dieu pour moi, les demandes de pardon, les choix d’une vie engagée avec Dieu. Je dirais que ma conversion était un parcours de 10 ans, où chaque étape était importante. Le baptême, à 20 ans, était le jalon qui scellait mon engagement de suivre Jésus comme Sauveur et Seigneur.
A 20 également, je vendais les seuls biens que j’avais : une guitare et une paire de ski et je partais pour Jeunesse en Mission.
Victoire : Quelle était la différence dans votre vie après cette expérience ?
Rolf : Comme je n’étais pas un Nicky Cruz et que je n’avais jamais volé dans le porte-monnaie de ma maman, il n’y avait extérieurement pas forcément de grands changements. Intérieurement par contre, je crois que je savais beaucoup mieux qui j’étais et que j’avais une destinée.
Victoire : Quand avez-vous commencé à écrire des chants ? Diriger la louange ?
Rolf : J’ai écrit mon premier chant de louange, lors de notre retour de voyage missionnaire d’Afrique, en 1976.
Il s’agit du chant : « Jésus, mon bien aimé ». Les débuts étaient assez laborieux et mes connaissances musicales limitées.
Linda, une amie de Jeunesse en Mission transcrivait mes chants alors que je me donnais du mal à essayer de lui chanter les mélodies. Après plusieurs années, j’ai décidé de me former un peu plus sérieusement et j’ai donc suivi plusieurs semestres de cours à l’Ecole de Jazz et Musique Actuelle de Lausanne.
Lors de notre voyage missionnaire qui devait nous amener jusqu’à Abidjan en Côte d’Ivoire, en traversant le Sahara, nous nous sommes arrêtés à Madrid. Un matin une fille de l’équipe est venue me trouver et m’a dit texto: « Rolf, j’ai prié et le Seigneur m’a montré que je devais t’acheter une guitare. Alors, on est à Madrid, il y a plein de magasins de musique. On va aller dans un magasin, tu choisis une guitare et moi je la paie. » Au-delà de l’anecdote, je réalise maintenant avec le recul que c’est Dieu qui essayait de me dire en quelque sorte: » Tu vois, ce que tu as sacrifié pour me suivre, je te le redonne mais en mieux ! » Une nouvelle porte venait de s’ouvrir.
Victoire : En regardant vos chants, il semble que vous aimez beaucoup la louange du Seigneur. Est-ce qu’il y a quelque chose dans votre expérience qui a déclenché cet amour de la louange ?
Rolf : Les samedis soirs de réunions de groupe de jeunes et notamment un camp d’été avec Jeunesse en Mission m’ont permis de découvrir la louange. A partir de ce moment, la louange a fait partie de ma culture. Aujourd’hui, c’est un privilège que cela fasse également partie de mon travail.
Victoire : Quel est votre ministère en ce moment ?
Rolf : Je continue à exercer un ministère dans 4 axes.
a. La louange
b. L’évangélisation dans les prisons, la rue, les salles de concerts, les bars etc… avec le groupe Visa
c. La formation, au travers de stages ou de coaching de groupes de louange dans les églises.
d. L’enregistrement et l’édition. Actuellement, je travaille sur le nouveau supplément (53 chants) du recueil « J’aime l’Eternel » vol3.
Victoire : Est-ce qu’on a oublié une question importante ?
Rolf : Est-ce que tu as connu des épreuves?
L’épreuve la plus importante de notre vie a été la perte de Prisca, notre 3ème fille, à l’âge de 11 ans, en 1999.
Je ne comprends d’ailleurs pas comment on a réussi à y survivre. La seule chose que je sais aujourd’hui, c’est que la grâce de Dieu nous a portés. Quand on était au fond du trou, au milieu des larmes, il y avait une paix qu’on ne peut pas décrire. Cette année là, notre fille aînée a demandé le baptême. Maintenant, après une formation d’enseignante spécialisée, elle se prépare à aller faire une école de disciples avec Jeunesse en Mission, au Venezuela.
Victoire : Quels sont vos chants qui sont les plus bien connus ?
Rolf : Le chant : « Ton nom » est probablement le plus connu. Il a été même traduit en malgache et en japonais.
Victoire : Est-ce qu’il y a un chant qui résume ce que le Seigneur a fait dans votre vie ?
Rolf : Une quarantaine de mes chants sont édités dans les recueils de Jeunesse en Mission. Difficile pour moi de faire un résumé sur un parcours de plus de 30 ans. De plus, avec Jésus, le meilleur est devant nous…
Des blessures, des frustrations, et oui, les joies et ses bénédictions forment notre coeur. Chez Rolf ce qui jaillit est une louange au Seigneur :
Ton nom, loin des bruits de la ville,
Ton nom, comme du miel sur mes lèvres
Ton nom, Ton nom Emmanuel.
Solide comme le roc, fidèle plus qu’un ami,
Beau comme le plus précieux des diamants.
Ton nom, comme un parfum de grand prix,
Ton nom, comme une brise légère; Ton nom, Ton nom,
Emmanuel. Solide comme le roc, fidèle plus qu’un ami,
Beau comme le plus précieux des diamants.
TON NOM 1992 Rolf Schneider (JEM2)