L’art de diriger la louange

 

Fred surgit dans la salle comme un TGV Paris-Strasbourg entrant en gare.

Sa femme dépenaillée le suit avec trois enfants en bas âge la collant un peu partout. L’expression de son visage laisse paraître sa frustration. La dispute qu’elle a eue dans la voiture avec son mari continue de tourbillonner en elle.

La réunion doit commencer dans deux minutes et Fred tourne furieusement les pages du recueil pour trouver des chants. C’est lui qui dirige la louange ce matin. Dix minutes plus tard le voilà derrière la chaire pour mener les fidèles dans la présence du Seigneur.

Le cantique d’ouverture choisi est “ A Toi La Gloire “. L’église le chante le coeur à moitié convaincu par son contenu. Fred prêche alors pendant cinq minutes sur la résurrection, mais les personnes assises dans les rangs semblent dormir.

« A présent nous allons chanter, ‘ Source d’eau vive ’ ». Misère ! Il s’en suit des réprimandes adressées à toute l’assemblée qui chantait à peine et qui maintenant a droit à une autre prédication de trois minutes sur l’importance de l’eau spirituelle.

« Y a-t-il des sujets de prière ce matin? » demande enfin Fred. La soeur Pauvredemoi répond de sa place au coin avant gauche de la salle: « J’aimerais qu’on prie pour mes enfants. Ils sont tellement méchants avec moi. Vous savez cette semaine… » et on a revécu avec elle sa semaine en détail.

Fred chante et prêche de nouveau. Il appelle deux frères pour recueillir les offrandes. Une autre exhortation de deux minutes et quarante deux secondes a eu lieu avant que les frères ne passent dans les allées.

Lorsque le pasteur monte sur l’estrade pour prêcher, la moitié de l’assistance a déjà sombré dans la dépression tandis que l’autre moitié continue à dormir. S’il parvient à ressusciter ce groupe-là, ce sera un coup de maître!

Les moments que nous passons dans la louange et la prière avant la prédication nous permettent, s’ils sont bien menés, d’entrer ensemble dans la merveilleuse présence de Dieu. Mais si cette partie de la réunion se déroule sans l’onction de Dieu, notre doctrine théologique en est presque modifiée: On a l’impression que le purgatoire existe et qu’on y est ! (J’espère que vous savez que j’ironise en disant cela).

Quel doit être le but de celui qui dirige la louange ?
Il doit désirer introduire les croyants dans la présence de Dieu, parce qu’en ce lieu, ils peuvent recevoir guérison, encouragement et force d’en haut.

C’est là qu’ils donnent toute la gloire à Celui qui en est digne.
Ils s’abandonnent complètement au Seigneur et lui se manifeste au milieu d’eux.

« Pourtant tu es le Saint, Tu sièges au milieu des louanges d’Israël »( Ps 22:3 ). Dans de telles circonstances, même les inconvertis sentent la présence et la puissance de l’Eternel Dieu. Les dons de l’Esprit s’expriment en toute liberté. On quitte la réunion avec le coeur guéri, édifié, prêt à faire la volonté du Seigneur.

Une telle réunion ne dépend pas du Seigneur ! Cette phrase vous choque ? Je m’explique: Dieu se tient toujours prêt à se manifester mais Il est souvent empêché de le faire par les dirigeants et les gens de l’église qui ne répondent pas à sa présence.

Si les gens ont vraiment loué le Seigneur, la prédication va de soi parce que la présence de Dieu se ressentait déjà par l’action du Saint-Esprit durant ce temps de préparation.

La personne qui mène la réunion doit considérer quelques principes importants.

Il doit avoir une vie spirituelle personnelle constante tout au long de la semaine (comme tout autre chrétien d’ailleurs), cela signifie qu’en dehors des réunions il doit:

Prier, étudier la Parole, faire face aux difficultés de la vie avec confiance dans le Seigneur, marcher dans la pureté, l’assistance aux réunions …

S’il est seulement talentueux mais que ces caractéristiques ne sont pas présentes dans sa vie, sa direction de la réunion risque d’être superficielle, davantage « hollywoodienne » que céleste.

Il est excellent de prendre le temps de chercher la face du Seigneur et de planifier avec lui sa contribution à la réunion la veille au soir de la réunion. Si cela n’est pas possible, il convient de se lever de bon matin le dimanche afin de faire cette préparation.

Il doit arriver suffisamment tôt avant la réunion pour tout coordonner avec les musiciens. Il n’y a rien de plus distrayant qu’une musique dissonante, faute de mise au point.

Bien souvent, à l’annonce d’un chant, c’est la chasse au trésor parmi les musiciens. « Il se trouve dans quel livre ? » … « A quelle page ? »… « On le prend sur quelle tonalité ? » Cinq précieuses minutes après, on finit par commencer à chanter.

En outre, l’exercice du ministère de la louange est également fonction du talent des musiciens et du profil de l’église. Il peut arriver que l’église ne dispose ni de bons musiciens ni de quelqu’un de particulièrement doué pour diriger la louange.

Néanmoins, si elle se lance dans la louange de tout coeur, loue le Seigneur avec joie ou avec larmes et laisse pleinement s’exprimer les dons de l’Esprit, Dieu sera glorifié, que cela plaise à l’oreille ou non.

Le conducteur de la louange devrait être positif. Si nous conduisons l’assistance avec le visage d’un croque-mort, les réunions risquent de ressembler à un enterrement. Mettez un sourire sur votre visage.

« Que tous ceux qui te cherchent s’égaient et se réjouissent en toi ! Que ceux qui aiment ton salut disent sans cesse : Exalté soit l’Eternel ! » (Ps.40 :17, La Colombe).

Le dirigeant doit adorer le Seigneur librement devant les autres. Vous ne pouvez pas mener les fidèles dans la présence de Dieu si vous ne vous y rendez pas vous-même.

En règle générale, il est bien de commencer avec des chants vivants puis d’avancer plus profondément dans la présence de Dieu avec des chants d’adoration. Les chants peuvent être dirigés par un groupe de choristes.

Nous devons être capables de sentir dans quelle direction va le Saint-Esprit et de Le suivre.

Certains ayant le désir de n’agir que comme cela se laissent emporter par un vent sentimental. Ils pensent être conduits par le Saint-Esprit mais en réalité, ce n’est pas le cas du tout.

Tout de même quand nos oreilles sont exercées à reconnaître sa voix et sa direction, nous pouvons partir sur des pistes que nous n’avons pas tracées en préparant la réunion (apprenez également à être humbles et à vous soumettre aux autorités spirituelles de l’église).

Encouragez le peuple à prier ; c’est la force de l’église. Certaines personnes monopolisent la parole donnée aux saints durant ces moments par de longues prières « théologiques ». Leurs prières ressemblent au Seigneur : elles durent éternellement (enfin, c’est l’impression que l’on a en les écoutant…).

Il serait bon qu’elles les raccourcissent un peu.

Jacques sort d’une petite salle annexe à la salle principale. Lui et ceux qui seront sur l’estrade ont prié et cherché le Seigneur pendant trente minutes. Ils ont choisi les chants et les ont préparés avant de prier.

Puisqu’il reste encore dix minutes avant que la réunion ne commence Jacques en profite pour discuter avec quelques frères. A dix heures pile son visage souriant annonce, “ Avec la joie d’un coeur ressuscité, nous allons chanter, « A Toi la gloire ! ».

Peu à peu, les gens laissent tomber leurs pensées et frustrations de la semaine et se concentrent sur le Seigneur. Au début, les chrétiens avaient du mal à entrer dans la louange mais en regardant Jacques, ils commencent à chanter avec beaucoup plus d’enthousiasme.

Parce qu’ils se sont préparés, Jacques et les musiciens enchaînent facilement sur un autre choeur. Un court mot d’encouragement précède le choeur suivant.

Les chants entonnés par la suite transportent tous les chrétiens dans la présence de Dieu.

Dans une rangée, un chrétien qui voulait abandonner reprend courage, restauré par cette présence. Une prophétie confirme ce que son coeur ressentait. Le Seigneur ne l’a pas abandonné.

« Je sens que le Seigneur désire guérir des corps malades ce matin » dit Jacques tout à coup. « Pasteur, pourrait-on prier maintenant pour les malades ? »

Plusieurs personnes s’avancent. Le pasteur et les anciens prient pour elles avec ferveur pendant que Jacques et les musiciens jouent et chantent tout bas.Ensuite les chrétiens prient ensemble puis individuellement, à haute voix. C’est comme si le Seigneur planait au-dessus de l’assemblée. Par leurs louanges et leurs requêtes, beaucoup ont vu la face de Dieu.

Il semble que le pasteur n’a jamais prêché aussi bien (même si son sermon était un peu long). La Sainte Cène distribuée à la fin du culte remplit chaque coeur d’une reconnaissance profonde envers leRédempteur qui a payé un prix si grand pour leur salut.

« C’est dur de quitter une telle réunion, on a envie qu’elle ne s’arrête pas!” dit la soeur Réjouissance à son ami.“J’ai hâte d’y retourner”.

Nous avons tous hâte de retourner dans de telles réunions.

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